Les nouveaux comportements des français par rapport à l’inflation

Depuis la fin de la pandémie, l’inflation connaît un niveau inégalé depuis plusieurs décennies. Cette hausse des prix qui devait être passagère s’installe, portée notamment par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Voici quelques clés de lecture pour mieux comprendre la réaction des consommateurs français.

Qu’est-ce qui augmente dans le budget des Français ?

Le taux d’inflation annuel en France a atteint le niveau historique de 6,1% en juillet 2022. Du jamais vu depuis novembre 1985. Le principal moteur de cette hausse vient des tensions sur les produits alimentaires et de ceux de l’énergie, en raison du conflit russo-ukrainien qui fait flamber les cours des matières premières, la Russie et l’Ukraine étant des pays producteurs clés. Parallèlement, les prix des services se maintiennent et ceux des produits manufacturés ralentissent timidement.

 

Dans le détail l’évolution annuelle sur douze mois glissants, des prix à la consommation par catégorie en juin 2022 est la suivante :

 

  • Énergie et carburant : +28,5%
  • Alimentation (tout produit confondu) : +6,8%
  • Produits frais : +5,2%
  • Alimentation (hors produit frais) : +7,1%
  • Services : +3,9%
  • Produits manufacturés : +2,7%
  • Tabac : +0,1%

Les différentes formes d’adaptation des consommations

Sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) qui correspond à un panier de biens très complet observé par l’INSEE, a augmenté de 6,5%, soit une augmentation en rythme mensuel de 0,8%. Cette tendance s’installe dans le temps et impacte les ménages, qui adoptent de nouvelles stratégies de consommation. Bien qu’en mai dernier, on observe une légère hausse des achats de prêt-à-porter, le moral des Français continue de fléchir.

Les biens de confort boudés

Dans le détail, les premiers arbitrages des Français pour équilibrer leur budget concernent la consommation des produits d’hygiène et de beauté, ainsi que le coiffeur ou l’esthéticienne. Ensuite, on remarque des coupes sévères dans les achats plaisir : les loisirs, les vacances, les sorties culturelles ou au restaurant, mais aussi l’ameublement. Même les abonnements numériques sont abandonnés. Par exemple, Netflix a annoncé 200 000 résiliations au premier trimestre 2022.

L’inflation apparaît comme le principal facteur de résiliation.

Avantages aux marques distributeurs et aux premiers prix

Selon l’Institut Nielsen pour 60 Millions de consommateurs, ce seront bientôt en moyenne 90€ qu’il faudra débourser mensuellement pour absorber la hausse générale des prix. Renoncer à certaines dépenses essentielles, comme l’alimentaire, paraissaient jusqu’ici impossible. Mais, comme le relevait l’association UFC-Que Choisir en avril dernier, la hausse des prix alimentaires n’est pas homogène : les fruits, les légumes, les huiles alimentaires, la viande connaissent des évolutions de tarifs qui amènent les Français à s’adapter en conséquence. Ils n’hésitent plus à réduire leurs achats pour continuer à être en capacité à s’approvisionner en carburant, car leurs déplacements en voiture restent indispensables.

 

En parallèle, on observe une nouvelle accélération de leur préférence pour les marques distributeurs ou bien des produits premier prix. Une aubaine pour les enseignes discount telles que Lidl et Aldi qui accentuent leur attractivité. Une étude du cabinet conseil McKinsey conduite en avril dernier donne une photographie précise de ce mouvement. Ainsi, 69% des Français déclarent avoir déjà modifié leur comportement d’achat, avec 52% d’entre eux ayant changé de marque concernant les produits essentiels.

Les produits essentiels “premier prix”

Dans le détail, cette étude a établi la part des Français qui ont choisi une marque distributeur ou un premier prix selon la gamme de produit :

 

  • Produits ménagers : 65%
  • Snacks et confiseries : 57%
  • Produits laitiers et œufs : 54%
  • Produits surgelés : 52%
  • Boissons chaudes : 48%
  • Boissons non alcoolisées : 47%
  • Santé, beauté et bébé : 47%
  • Viande fraîche, poisson, volaille : 44%
  • Fruits frais et légumes : 43%
  • Pain et pâtisserie : 41%
  • Alcool : 40%

Vers une réduction de l’épargne de précaution

Malgré l’inflation et leur moral en berne, les Français continuent d’alimenter leur épargne, tels que les livrets A et les assurances-vie. Mais pas tous : selon un sondage réalisé pour Patrimonia, le salon des professionnels de la gestion et relayé par les Échos, 40% des sondés ont déjà puisé de l’argent dans leurs économies pour payer leurs dépenses quotidiennes.

 

D’après FranceInfo, les Français les plus modestes pourraient continuer à puiser dans leur épargne de précaution au cours des prochains mois, à moins que le taux du livret A ne soit rehaussé. Le doublement de la rémunération au 1er août 2022 pourrait donc calmer la tentation, à la condition que l’inflation se stabilise ou se réduise rapidement. Les dispositions de la loi sur le pouvoir d’achat pourraient aussi contribuer à encourager une modération des retraits.

 

Dans le même temps, les crédits à la consommation connaissent une croissance importante. L’Association des sociétés financières (ASF) constate un rebond de 8,8% au premier trimestre 2022, par rapport à la même période de 2021, soit 11,8 milliards d’euros de nouvelles dettes pour les ménages français. Et dans leur sillage, les incidents bancaires. Sur le premier semestre 2022, les inscriptions au Fichier national des incidents de paiement (FICP) a progressé de 25%, à presque 400 000 incidents répertoriés.

Pour conclure

Le maintien du pouvoir d’achat repose sur une stabilité des prix, ou une hausse modérée. Si la situation inflationniste actuelle perdure, les consommateurs verront leur capacité d’achat continuer à se réduire, à revenus constants. Pour ne pas changer leurs habitudes, ils peuvent espérer une progression de leurs revenus. Si ce n’était pas le cas, au mieux ils vont chercher des facilités de paiements sur courte période, au pire ils vont fortement augmenter leur endettement qui était déjà à un niveau élevé.

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